Depuis maintenant plusieurs mois, les prix de l’énergie sont en nette augmentation. L’Etat ou encore les fournisseurs d’énergie incitent chacun à faire des économies d’énergie à toutes les échelles : particuliers, entreprises, municipalités… On le remarque notamment, à l’approche de Noël où les nuits se font plus longues, que l’éclairage urbain diminue. C’est alors que l’on prend conscience de l’omniprésence de cette lumière nocturne, comme un crépuscule qui n’en finit qu’à l’aube : lampadaires, enseignes, éclairage de Noël, projecteurs, phares, feux… Cette surconsommation n’est pas seulement le facteur d’une crise énergétique, mais c’est aussi celle d’une crise environnementale.
Car la pollution lumineuse n’est pas seulement une gêne pour l’observation du ciel nocturne : elle a un impact négatif aussi bien sur la faune que sur la flore. Elle perturbe la production de mélatonine et donc le sommeil chez les animaux, que les espèces soient diurnes ou nocturnes. Car de nombreuses espèces vivent ou bien dorment dans le noir, synonyme de sécurité. Cet éclairage peut aussi perturber la reproduction ou encore l’orientation de celles-ci.
Des guides trompeurs pour les oiseaux migrateurs
Les oiseaux sont un exemple des dangers de la pollution lumineuse. On note par exemple un taux de mortalité plus élevé des rapaces la nuit, éblouis par les phares et les réverbères alors que le trafic routier nocturne est moindre. Mais les plus impactés sont bien les oiseaux migrateurs. En général, les espèces migratrices utilisent plusieurs sens pour migrer, mais nombreuses sont celles se repérant grâce au Soleil et aux étoiles. Les éclairages d’aéroports, les phares, les réverbères et les projecteurs tournés vers le ciel par exemple, sont donc autant de pièges potentiellement mortels pour ces oiseaux, dont la vie dépend de la réussite de leur migration.
Un piège à insectes mortel
On les voit autour de nos réverbères, contre les vitres le soir, dans nos maisons… Nous arrachant un sourire lorsqu’on les voit s’entêter à voler vers la lumière : ce sont les insectes. Papillons, phalènes, moucherons…
Et pourtant ces sources lumineuses sont autant de mouroirs pour les insectes, dont les populations, déjà fragilisées par le dérèglement climatique, les espèces invasives et les autres sources de pollution, sont en net déclin. Selon l’étude de la revue Biological Conservation, environ un tiers des insectes volant autour d’une source de lumière ne survit pas à la nuit. Ajouté à cela, la pollution lumineuse perturberait de nombreux insectes à tous les stades de leur vie.

Pourtant, contrairement à d’autres types de pollutions face auxquels les particuliers peuvent se sentir impuissant, la pollution lumineuse est facile à réduire. Il suffit d’éteindre, de réduire, d’orienter et/ou de changer la couleur d’une lumière pour diminuer le nombre d’insectes à s’y aventurer par exemple .
La pollution lumineuse a donc un impact bien plus important qu’il n’y paraît sur les espèces animales et végétales. Les conséquences de cette pollution sont bien plus nombreuses que le court aperçu que donne cet article sur, par exemple, les mues, l’hibernation, l’alimentation … Autre que les oiseaux et les insectes, elle touche de très nombreuses espèces. Il n’est pas envisageable d’éteindre toutes les lumières nocturnes. Mais au-delà de cette réflexion, comme le remarque Kevin Gaston, professeur de biodiversité et de conservation à l’université d’Exeter, “Nous devrions désormais considérer la lumière artificielle comme n’importe quel autre polluant.” Ainsi, réduire l’éclairage de façon intelligente et le supprimer lorsqu’il est inutile est déjà un bon moyen de réduire notre consommation d’énergie et de minimiser l’impact de cette pollution bien visible et néfaste – au même titre que ce que l’on considère déjà comme des pollutions – sur le vivant.
Annabelle
Sources
Avalon C.S. Owens, Précillia Cochard, Joanna Durrant, Bridgette Farnworth, Elizabeth K. Perkin, Brett Seymoure (2020). Light pollution is a driver of insect declines, Biological Conservation, Volume 241 [consulté le 09/12/2022] : https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0006320719307797?via%3Dihub
Férard, E. (2021, 8 octobre). La pollution lumineuse jouerait un rôle crucial dans le déclin des insectes. Geo.fr [consulté le 09/12/2022] :
La pollution lumineuse (2/3) : La pollution lumineuse aujourd’hui – L’importance de la nuit pour le vivant — CultureSciences-Physique – Ressources scientifiques pour l’enseignement des sciences physiques. (s. d.) [consulté le 09/12/2022] :
http://culturesciencesphysique.ens-lyon.fr/ressource/pollution-lumineuse-2.xml
Mayer, N. (2020, 7 novembre). La pollution lumineuse est dévastatrice pour la faune et la flore, Futura. [consulté le 09/12/2022] : https://www.futura-sciences.com/planete/actualites/nature-pollution-lumineuse-devastatrice-faune-flore-83990/
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
annabellegourhand (15 décembre 2022). Sciences et dessin #2 : La pollution lumineuse. Recherches en Master histoire des sciences et techniques, UBO. Consulté le 11 février 2025 à l’adresse https://m1ehst1819.hypotheses.org/1833